Bonjour,
Aujourd’hui, je m’intéresse à un livre des éditions Fayard/Mazarine :14 ans, harcelée de Mathilde Monnet.
14 ans, harcelée
Auteur : Mathilde Monnet
Année de publication : 12 octobre 2016
Éditions : Fayard/Mazarine
Nombre de pages : 250 pages
Prix : 18€
Quatrième de couverture :
De la sixième à la cinquième, dans l’indifférence de l’équipe éducative et cachant tout à sa famille, Mathilde endure insultes, brimades et humiliations quotidiennes au collège. Elle vit dans la honte, la peur, la culpabilité de ne pas savoir se défendre. Elle se débat au milieu de la haine pour pouvoir survivre et frôle à plusieurs reprises le suicide. Jusqu’au jour où elle trouve enfin une porte de sortie : l’écriture. 14 ans, harcelée est le journal de Mathilde, une adolescente précoce, qui décrit étape par étape sa longue descente aux enfers, l’acharnement et la violence, dont elle a été la victime.
Un document unique qui nous entraîne au cœur de la spirale du harcèlement scolaire et de la psychologie adolescente. Avec ses mots d’adolescente, Mathilde Monnet décrypte avec crudité ce terrible fléau qui touche un enfant sur dix et les pousse parfois à commettre l’irréparable.
Mathilde Monnet a 15 ans. Elle est actuellement en classe de seconde. Bonne élève et passionnée de lecture, 14 ans, harcelée est son premier livre.
A vous de découvrir la suite !
L’origine de ma lecture
Le harcèlement et plus précisément le harcèlement scolaire est un sujet qui me tient particulièrement à cœur. Je ne peux donc que remercier les éditions Fayard/Mazarine et NetGalley pour la chance qu’ils m’ont donnée de lire ce livre. Il y a encore peu, j’avais de grosses difficultés à lire des livres relatant des témoignages.
Mathilde nous décrit sa longue descente en enfer, provoquée par ses camarades. Cet enfer que l’équipe pédagogique a ignoré. J’ai découvert une jeune fille persévérante qui cherche des solutions. Certaines de ses solutions, je ne les ai absolument pas compris. Pourquoi a-t-elle agi de cette manière ? Pourquoi ces choix ? Plus ceux-la que d’autres ? Elle nous démontre aussi toute sa force de caractère, cette envie de vivre, d’avancer. Ses bourreaux ne sont, ici, pas seulement un ou deux mais une classe entière. Coups, tabassages, insultes. Harcèlement physique, harcèlement psychologique. Ils ont un comportement atroce, et n’ont pas l’air de s’en soucier. Même après avoir laissé passer du temps avant d’écrire cette chronique, je ne me remets pas de leurs actions, leurs propos. Ce manque de réactions. Les seconds bourreaux, de mon point de vue, sont le monde éducatif. Tous ne semblent se soucier que d’étouffer le scandale qui se profile. Les propos sont choquants. J’espère que ces équipes liront (ou ont lu) ce livre, se rendront (ou se sont rendus) compte de la double épreuve qu’a vécu Mathilde.
Il faisait froid, comme tous les matins d’hiver. Le jour ne s’était pas levé. De longues files de voitures roulaient au pas, dans les rues glaciales. Le vent fouettait mon visage. J’avançais pourtant, m’arcboutant contre les rafales. Je ne sentais pas la froideur qui engourdissait mes mains et mes pieds. Cette infime contrainte était bien le dernier de mes soucis. Mon corps se préparait au pire, plus loin, à l’arrivée. Pour le moment, il fallait marcher.
Je traversai le premier passage piéton. L’asphalte résonnait étrangement sous mes pas, les klaxons des voitures m’assourdissaient. Il y avait une église, devant une petite place de terre. Quelques bancs. Personne ne s’y aventurait à seulement huit heures moins le quart le matin. Tout était désert. Je marchais.
J’aperçus alors quelques élèves devant moi. Mon cœur cessa de battre. Je plissai les yeux. Les connaissais-je ? Non. Pas d’inquiétude à avoir. Il ne fallait juste pas qu’ils me regardent, sinon ils sauraient…
Ne pas y réfléchir, pas maintenant. Continuer.
J’arrivais maintenant au grand carrefour. Le matin, les embouteillages créaient un brouhaha incessant. Je zigzaguai entre les voitures bloquées. Insensiblement, mes jambes et ma nuque se raidissaient. Comme chaque matin, je m’arrêtai à la hauteur de la glace. Elle était là, toujours aussi immense, sur la façade d’un immeuble. Mon visage s’y reflétait, et je lisais dans mes propres yeux tout le dégoût qu’il m’inspirait.
Mes cheveux qui bouclaient d’une façon horrible et retombaient hideusement le long de mes épaules. « Le mouton frisé ». Mes joues trop rebondies, mon menton fuyant.
Mais surtout, surplombées par un nez gigantesque, mes dents. Elles dépassaient de mes lèvres, formant une protubérance ridicule. Un centimètre séparait celles du bas et celles du haut. Il m’était impossible de fermer la bouche. Ma mâchoire était comparable à celle d’un poisson rouge, happant sa nourriture à la surface de l’eau. Parler en articulant, sans baver, devenait difficile dans ces conditions. Je haïssais mon reflet.
Pourtant, cela ne m’avait jamais posé de problème auparavant. Pas vraiment de complexes. Qui aurait pensé que ce deviendrait une condamnation à mort ?
Mon regard balaya la rue un bref instant. « Pourvu que personne ne me voie. » Je ne supportais plus qu’on me regarde.
L’heure tournait. Il fallait que je continue, sinon je serais en retard. Je devrais ouvrir la porte et entrer seule dans la classe, alors qu’ils seraient déjà tous assis. Chacun d’eux braquerait ses yeux sur mon infâme visage…
Marcher, encore marcher, oublier.
Après je coupais par un parc dont le sentier menait à l’angle de la rue du collège. L’herbe était humide. Des pigeons roucoulaient, s’envolant à l’approche des piétons. Il y en avait toujours un, entièrement noir, au milieu des gris et des marron. Je le regardais à chaque fois. Une sorte de superstition peut-être.
Mes muscles se crispaient. Mes bras ne bougeaient plus, raides le long de mon corps. Je mettais machinalement les mains dans mes poches. Réflexe. Je me concentrais sur mes jambes. Un pas, un autre, et encore un autre. Je ressemblais à un robot aux mouvements désynchronisés. Je contrôlais jusqu’à mon souffle. Il ne fallait surtout pas attirer l’attention.
Mon corps entier semblait pris dans un étau invisible l’empêchant d’avancer. Et pourtant je continuais. Comme tous les jours. Fidèle à la loi.
Le style de Mathilde Monnet est simple et très accessible. Elle raconte son histoire sans chichi, sans prise de tête. Une plume légère pour une histoire grave, c’est ce que je retiens de sa prose. Au fil des pages, j’ai été happée par son histoire. J’avais l’impression d’être avec elle, de vivre son histoire, d’avoir ses sentiments.
C’est une immense claque ce témoignage. Je conseille de le lire à tous : adolescents, adultes, élèves, équipe éducative, etc. Il est émouvant, révoltant. Peut-être fera-t-il avancé les choses.
Le petit plus de l’histoire : L’ayant vécu Mathilde Monnet sait de quoi elle parle, quand elle raconte son harcèlement.
Le petit bémol du livre : J’aurais aimé avoir plus d’informations sur les parents, leur réaction et l’après.
Pour résumer : Un coup de cœur !
Petit plus pour les parents ou les professionnels :
N’hésitez pas à utiliser 14 ans, harcelée dans un projet autour du harcèlement scolaire et de l’adolescence.
Un petit mot sur l’auteur :
Mathilde Monnet est une jeune auteur française. Elle nous livre sans détour son expérience du harcèlement scolaire.
Courez vite en librairie l’acheter ! Vous allez le dévorer.
Merci d’avoir lu l’article jusqu’au bout. N’hésitez pas à laisser un petit commentaire et à partager avec moi vos lectures ! Si cet article vous a plu, pensez à le partager ;).
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